Page 102 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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Mais tout cela ne servit qu’à l’affermir dans le dessin de son
ouvrage commencé et qu’à l’y attacher avec plus de soin et de
diligence. C’est ainsi que les malins esprits, envieux du saint
édifice que le Fils de Dieu éleva dans l’âme de son Epouse,
comme dans sa Jérusalem, continuèrent tous les jours leurs
stratagèmes. Et quoiqu’ils eussent été vaincus, ils lui donnèrent
sans cesse de nouvelles attaques.

   Ses convulsions s’étant redoublées jusqu’à un tel excès que les
médecins ont témoigné qu’ils n’en avaient jamais vue de si
violentes, et les forces de ce petit corps qui ne prenait presque
aucune nourriture diminuant à vue d’œil, il fut conclu qu’il lui fallait
décharger le cerveau par un prompt remède, autrement elle ne
pourrait pas résister à son mal. Ils arrêtèrent donc qu’on lui
appliquerait un cautère sur la tête afin que le venin qu’ils se
figuraient s’exhalât facilement par une ouverture si proche, et pour
ne pas retarder ce soulagement, il fut résolu que l’on se servirait
du bouton de feu afin de corriger par ce même moyen la malignité
de l’humeur.

   Les Religieuses y résistèrent de tout leur pouvoir, et d’autant
plus que les médecins eux-mêmes appréhendaient que l’Enfant si
atteinte du mal n’expirât entre leurs mains. Toutefois, comme elles
ne purent convaincre de leurs raisons et qu’elles craignaient de
perdre un si grand trésor, elles furent contraintes de céder à leur
ordonnance.

   Il fut trouvé à propos de lui donner le Petit Habit de Religion
avant qu’on lui fît ce remède, et la cérémonie étant arrêtée pour le

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