Elisabeth… Oui, mais
laquelle ? Car dans l’ancien Carmel de Beaune on connaît seulement
« Mère Elisabeth de la Trinité », tour à tour Prieure ou
Maîtresse des Novices au temps de la Vénérable Marguerite. C’était il
est vrai en 1630 -1660.
Mais nous sommes en 2016 et
aujourd’hui, nous nous réjouissons pour une autre Elisabeth, carmélite
aussi mais presque contemporaine, car L’Eglise s’apprête à lui
décerner les plus grands honneurs qui culminent dans le titre de ‘
Sainte ‘ qu’elle recevra le Dimanche 16 octobre prochain.
Cela tout le monde le sait, tout
le monde en parle et c’est une joie pour le diocèse de Dijon et beaucoup
plus.
Mais ce que l’on
sait peut-être moins, c’est que notre chère Elisabeth est inscrite avec
sa Maman et sa jeune sœur Guite sur le Registre des Associés de
l’Archiconfrérie du Saint Enfant-Jésus Roi de Gloire. La Sœur
carmélite chargée des inscriptions a seulement noté : Madame Catez
au numéro 11 678 et dessous : Melles Catez avec le même numéro pour
elles deux : 11 679. Une date parait à droite : 1893 avec le
nom du Jour : Le 19 mars. Sous cette date et à la verticale :
Dijon. On remarque qu’il y a en même temps 5 à 6 noms pour ce même
jour.
Qu’en déduire ? Si Madame
Catez est venue effectivement ce jour du 19 mars, Elisabeth née en 1880
avait donc 13 ans. Mais le fait qu’il n’y ait qu’une mention de
ses filles et non leur nom pourrait faire penser qu’elle est venue
seule ou qu’elle avait demandé auparavant à être inscrite avec
ses filles pour le 19 mars de cette année 1893. En effet, Il arrivait
parfois que la sœur n’avait pas le temps d’inscrire les nouveaux associés
le jour même de leur entrée dans l’Archiconfrérie et qu’elle faisait cela
plus tard.
Toujours est-il que cette
inscription ne semble pas avoir beaucoup retenu l’attention d’Elisabeth.
S’en est-elle-même souvenue ? Par contre comme tous les Beaunois
et les habitants de notre région, y compris ceux de Dijon, Madame Catez
avait la dévotion au Roi de Gloire puisqu’elle eut le souci de faire
partie avec ses filles de la Famille de l’Enfant-Jésus.
Mais il existe une lettre délicieuse
d’Elisabeth écrite l’année même de son entrée au Carmel de Dijon, c.-à-d.
en 1901. Cette lettre, référencée 47, est datée du Jeudi 18 avril. Elle
s’adresse à sa chère amie Marguerite Collot :
« … Mardi,
mon amie m’a emmenée à Beaune faire un pèlerinage à L’Enfant-Jésus du
Carmel.
C’est vous dire que
j’ai prié pour vous. Je vous envoie une modeste image. Elle vous dira que
vous n’avez pas été oubliée. [ ]
… Livrons-nous à
l’amour… comme notre sainte Mère Thérèse... A Beaune, j’ai eu le bonheur de
voir son bâton, ce qui est une grande faveur. J’ai eu le bonheur de le
baiser et je l’ai fait pour vous aussi chère petite sœur… »
Dans la Lettre 48, écrite le même
jour, à Berthe Tardy : "Que le cher petit Jésus trouve en nos
cœurs son repos et sa joie et qu'Il s'y cache pour toujours".en note : Ce texte est écrit au verso d’une petite image
représentant l’Enfant-Jésus vénéré au Carmel de Beaune
Le 2 août 1901 Elisabeth faisait son
entrée au Carmel de Dijon. Comme on le verra, Elisabeth y retrouve la
dévotion au Petit Roi.
Dans la lettre 227 du 22 Avril 1905,
à sa sœur Guite, elle écrit :
« Je te couvre
de tendresses et de prière ainsi que tes deux trésors. Je me réjouis de
voir Sabeth. Dis-lui de donner un baiser à grand-mère pour sa tante.
J'envoie à Odette
une médaille qui a touché l’Enfant-Jésus miraculeux de Beaune; elle est en
cuivre, car je suis une pauvre carmélite; tu pourras la mettre à son
berceau afin que le Dieu qui aime tant les petits la bénisse et la
protège. »
Une des grandes traditions du Carmel
est celle de nos liens entre carmels.
En effet Beaune et Dijon sont liés
depuis le début. Il faut se rappeler que le carmel de Beaune a été fondé
par des sœurs de Dijon et que, lors d’élections de nouvelles prieures ,
en principe tous les 3 ans, Il arrivait parfois qu’une ancienne prieure
ou sœur en responsabilité au carmel de Beaune se retrouve prieure ou
sous-prieure ou maîtresse des novices dans un autre carmel, et
inversement, les carmels n’avaient que quelques années de fondation, les
sœurs étaient jeunes.
Messieurs les Supérieurs pouvaient
conseiller les carmels ou même décider selon leurs besoins réciproques. Ce
fut le cas pour Mère Thérèse (de Languet) professe de Dijon et qui se retrouva
prieure à Beaune en 1648, peu après la mort de Marguerite.
Il se créait ainsi de forts liens entre les
sœurs et de même que les usages carmélitains d’un carmel se
transmettaient à un autre, de même les dévotions. Notre Vénérable était
connue et considérée et les prieures d’ici ou là lui demandaient conseil.
Ce que fit Mère Thérèse de Jésus (Languet) alors qu’elle était Prieure
à Dijon.
Pour
l’intronisation d’une statue de la Vierge portant l’Enfant-Jésus, c’est
vers Marguerite que Mère Thérèse se retourne. Elle lui demande sous quel
nom faudra-t-il l’honorer « Dans l’estime dit-elle que
j’avais de sa sainteté. » Les carmélites de Dijon s’uniront à
celles de Beaune dans leur dévotion à l’Enfant-Jésus le vénérant tous les
25 du mois.
Après la révolution, en 1819, ne
pouvant retrouver leur monastère et se trouvant en petit nombre, les 6
dernières Sœurs de Dijon se joignirent à celles de Beaune non s’en avoir
apporté leurs trésors (tel le bâton de voyage de Ste Thérèse dont il est
question dans la lettre de Sœur Elisabeth citée plus haut ou d’autres
tableaux) et y finirent paisiblement leurs jours. De même en 2001,
quelques carmélites de Beaune se rallièrent à nos Sœurs de
Dijon-Flavignerot.
Revenons à Elisabeth :
Prolongeant la tradition c’est vers
la Vénérable que nos sœurs de Dijon se retournent lors de la maladie
d’Elisabeth et cette dernière écrit à Guite, fin avril 1906 (Lettre 269) :
"Je ne sais si l'heure est venue de passer de
ce monde à mon Père, car je vais bien mieux et la petite sainte de Beaune
semble vouloir me guérir Mais, vois-tu, parfois il me semble que l'Aigle
divin veut fondre sur sa petite proie pour l'emporter là où Il est : dans
la lumière éblouissante!"
En note : La Vénérable
Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite de Beaune (1619-1648). Cf. sa
biographie par L. de Cissey, Paris, Bray, 1862. Un communiqué de SRD, de
1905 (20, p. 392), révèle qu'on travaille pour sa cause de béatification.
Circ. 8 dit: « De concert avec plusieurs de nos Carmels, le cher
carmel de Beaune en particulier, nous entreprîmes une vraie croisade de
prières pour glorifier la Vénérable marguerite du saint-Sacrement par la
guérison de notre chère petite sœur. »
Mère Germaine écrit aussi au
Chanoine Angles le 17 mai 1906 :
"La chère petite est
beaucoup plus souffrante depuis dimanche [le 13 mai] où nous avons cru la
perdre dans une crise qui a duré de 4 h du matin à 2 h de l'après-midi.
Depuis, quelles souffrances en tout ce pauvre corps! Sa mère ne sait pas
toute la vérité de cet état crucifiant; son cœur est assez broyé déjà, je
ne lui dis que le nécessaire pour l'entretenir dans les admirables
dispositions d'abandon, de soumission à la volonté de Dieu où elle se
trouve. Mais à vous, cher monsieur le Chanoine, je puis confier que notre
Élisabeth rappelle le divin Maître sur la Croix. Position très pénible par
suite des petites misères greffées à l'état général; impression d'un feu
consumant à l'intérieur, d'où soif ardente que l'on ne peut tempérer, la
moindre goutte d'eau occasionnant une souffrance très vive dans ce pauvre
estomac incapable d'aucune alimentation et très douloureux, etc. etc. Mais
au milieu de tout cela, quelle paix, quelle belle sérénité! Elle souffre
comme elle a vécu, en sainte. Nous poursuivons notre sixième neuvaine à la
chère petite Vénérable de Beaune »
Le Petit Roi en décida autrement.
Et pour la joie d’Elisabeth, l’appel décisif retentit le 9 Novembre 1906
au matin. Sans doute Notre Sœur Marguerite l’accueillit avec allégresse.
Remercions notre Petit Roi de
Grâce qui ne cesse de nous unir au-delà du temps et des lieux,
poursuivant son œuvre en chacun de nous et tout spécialement en ce
jour, pour la Sainteté reconnue et proclamée de notre Sœur Elisabeth que
nous pouvons appeler avec joie :