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avec la mère Marie de la Trinité, sur les mystères de l'Enfance de
Jésus-Christ, et les lumières admirables de la sœur. (extrait du livre du Père Amelote) Je ne m'arrête
pas à écrire les connaissances que sœur
Marguerite a eues de la béatitude de sa bonne mère, et de la couronne
de sa patience. J'aime mieux employer la fin de ce livre à rapporter les
singularités, que cette sage mère
laissa par écrit avec les autres mémoires, des merveilles qui se sont passées
dans l'enfance du sauveur du monde, dont sœur Marguerite l'avait entretenue
durant ces maladies. Je
lui faisais mes interrogations, et elle me répondait, dit la mère,
mais en telle sorte que pour
l'ordinaire elle n'était pas à
elle-même lorsqu'elle parlait du Saint Enfant Jésus, quoique toutefois
elle ne donnât pas ses réponses pour
des révélations, mais pour des pensées qu'elle avait eues dans la lumière de
l'oraison. Sur la personne
de Saint Joseph. L'occasion s'étant présentée un jour de parler de Saint Joseph, et la
bonne mère ayant demandé à sa fille qu'elles avaient été les grâces de ce
grand saint ; elle dit, qu'elle croyait que la Sainte Trinité l'avait disposé dès sa
naissance au grand ministère auquel il était destiné ; qu'il avait été
sanctifié comme Jérémie et Saint Jean dès le ventre de sa mère ; qu'il avait
toujours été juste et conduit du Saint Esprit et que jamais il n'avait ni
conversé avec le monde, ni eu d'amitié profane avec personne. Que la Sainte
Trinité se l'était conservé, et l'avait fortifié par une protection
particulière contre toute la corruption du siècle. Elle ajouta qu'il savait tous les
arts par une lumière infuse, en telle sorte qu'il eût pu faire toutes sortes
d'ouvrages ainsi que Béséléel, et Ooliab, que Dieu
avait remplis d'intelligence pour travailler au tabernacle ; mais que par
humilité il n'avait jamais voulu mettre la main qu'aux moindres ouvrages de
charpentier, qui ne l'avaient obligé à
converser qu'avec les personnes simples. Que la divine providence lui avait
fourni des emplois conformes à cet esprit d'humilité et de retraite ; que
toutefois il n'avait été occupé qu'à des choses honnêtes, quoique simples et
de petite valeur. Ces sentiments s'accordent avec ce qui
est rapporté de notre Seigneur par saint Justin, qui faisait des jougs pour atteler les bœufs, et des charrues
pour le labourage. Elle dit que Saint Joseph avait été
le plus savant dans les choses de Dieu et le plus éclairé qui ait jamais été
sur la terre après la Sainte Vierge ; qu'il avait surpassé en lumière tous
les théologiens et possédé la Sagesse plus véritablement que Salomon. Que ces
avantages avaient été d'autant plus excellents par-dessus ceux des autres saints, toutes les qualités de
père nourricier de Jésus, et d'époux de la Vierge, étaient plus saintes et plus sublimes que le ministère de tous
les autres hommes : qu'il avait été le plus parfait de corps et d'esprit qui
n’ait jamais été après Jésus et la Sainte Vierge. Elle me disait des choses rares sur le
sacré mariage de ces deux incomparables
époux, et sur l'union que la Sainte Trinité fit de leurs cœurs. À l'instant disait-elle, que Saint Joseph fut proposé à la Sainte
Vierge, elle vit sa justice et il connut quelque chose de la grandeur de la
Vierge quoi qu'il n'en connût pas
toute la perfection. Comme ils avaient voué tous deux leur virginité par une
singulière inspiration, dont ils avaient été prévenus, ils n'eurent aucunes
pensées humaines sur leur mariage, mais s'abandonnèrent avec confiance à la divine conduite, qui
leur fut manifestée sur ce sujet. Ce grand saint fut disposé par une surabondance
de grâces à la haute dignité de père nourricier, de gardien et de conducteur
de Jésus Christ, et quoi qu'il ne dût savoir le mystère de l'incarnation que
peu de temps avant la naissance du fils de Dieu, il ne laissa pas de
participer à la grâce de ce divin mystère. Le Sauveur caché dans sa Sainte
Mère produisit en lui des effets admirables que nous ne sommes pas capables de comprendre, et il
agit sur lui, non seulement par soi-même immédiatement, mais encore par la
Sainte Vierge, comme par son organe, ainsi qu'il fit sur Sainte Élisabeth et
sur Saint Jean. La bonne mère ayant demandé pourquoi
la Sainte Trinité n'avait point donné de connaissances à Saint-Joseph du
mystère de l'incarnation ; elle répondit que ce mystère était si propre à Dieu que les hommes n'y
devaient avoir aucune part ni par leur connaissance, ni par aucune lumière,
et que pour cette raison Saint Joseph n'en sut rien que lorsque le temps
s'approcha de rendre ses devoirs à l'Enfant
et à la Mère. Sur la peine de Saint Joseph lorsqu'il
s'est aperçu que la Sainte Vierge était enceinte, elle dit qu'il ne fallait pas
approfondir ni pénétrer ce mystère par notre raisonnement humain ; que Saint
Joseph ne fit point de jugement arrêté sur la conduite de la Sainte Vierge ;
qu'il souffrit alors la plus grande peine intérieure qui ait jamais été
soufferte par aucun saint, et que lorsqu'il formât le dessein de quitter
secrètement la Sainte Vierge, ce ne fut que par une perplexité d'esprit, et
non par aucune pensée déterminée contre elle ; que ce fut une épreuve de Dieu
qui afflige puissamment les âmes de quelque moyen dont il se veuille servir ; qu'au
moment que l'ange lui dit, Joseph fils de David ne crains point, toute son inquiétude s'effaça ;
qu'il fut parfaitement éclairé sur le mystère de l'incarnation, sur l'état du
fils de Dieu au sein de la Vierge, sur la dignité de mère de Dieu, et
qu'alors Dieu le remplit de grâces
convenables à la haute vocation ; qu'il ne parla point de sa peine à la Sainte Vierge, ni
elle de ce qu'elle avait souffert de le voir travaillé ; et que ces deux
admirables créatures n'avaient eu aucun entretien des choses indifférentes. La mère s'enquit si la Sainte Vierge n'avait rien témoigné à Saint Joseph, de ce que l'ange lui avait révélé sur le sujet de Sainte Élisabeth. Elle répondit que non, et qu'elle avait fait sa visite seule, étant conduite du Saint Esprit seulement et des saints anges. En effet cette vérité se prouve
manifestement par le trouble de Saint-Joseph ; lequel s'il eut accompagné la
Sainte Vierge, eut appris par les paroles de Sainte Élisabeth, ce que sa
sainte épouse lui avait caché de sa dignité de Mère de Dieu. De sorte qu'il
ne faut pas s'arrêter aux peintures qui se font de ce voyage, puisqu'elles
sont peu conformes à la parole sacrée. Elle dit encore que la Sainte
Vierge, parla fort peu avec Sainte Élisabeth durant tout le temps qu'elle fit
séjour en sa maison, que le plus long entretien qu'elles eurent fut
lorsqu'elles se saluèrent, et que le reste du temps fut employé en oraison,
et en louanges de Dieu. Que personne ne vint visiter la Sainte Vierge chez
Sainte Élisabeth, et qu'elle n'avait entrepris ce voyage que pour le grand
effet de la sanctification de Saint Jean. Que depuis le moment de cette grâce
Sainte Élisabeth demeura remplie de Saint Esprit, et que les choses qui se
passèrent depuis en elle par la faveur de la Sainte Vierge, furent si
grandes, que la seule lumière de Dieu les peut faire comprendre. Il lui fut demandé pourquoi Dieu
s'était plutôt servi d'un ange, que de la Sainte Vierge pour tirer Saint
Joseph de peine ; elle répondit qu'il était convenable
que ce mystère qui était au-dessus de toute pensée humaine fût révélé par une
voie surnaturelle ; que s'agissant du
roi des cieux né en la terre, c'était à un citoyen du ciel à le manifester ;
qu'une si grande merveille demandait un témoin oculaire ; que le même ange
qui l'avait annoncée à la Sainte Vierge, la devait annoncer à son époux ; que
la Sainte Vierge était trop humble pour rendre un si grand témoignage de
soi-même ; qu'il était très important qu'une affaire de telle nature fût
autorisée par un témoignage divin, et que la révélation s'en devait faire par
un des principaux Princes du Ciel, afin qu'elle acquît plus de crédit en nos esprits. Elle dit que la Sainte Vierge passa
en oraison continuelle les neuf mois pendant lesquels elle fut enceinte,
qu'elle ne cessa d'adorer le Verbe uni à notre nature, et lorsqu'elle et
Saint Joseph reçurent de l'empereur le commandement de faire écrire leur noms
comme les autres, il partirent en diligence adorant l'ordre de Dieu caché sous cet édit du
prince de la terre ; que ce fut le moyen choisi de Dieu pour faire naître son
fils dans l'étable de Bethléem ; que la Sainte vierge porta avec elle les
langes et toutes les choses nécessaires pour envelopper son Fils ; que ces
linges étaient simples et pauvres, mais fort propres, et faits de la main de
la Sainte Vierge ; que durant ce voyage la Sainte Vierge et Saint Joseph
reçurent de la Sainte Trinité de très grandes
grâces, et furent disposés chacun à son ministère. La mère lui demanda si étant arrivés
en Bethléem, où l'Évangile dit, qu'il n'y avait point de place pour le Fils
de Dieu en l'hôtellerie, ils cherchèrent quelque lieu pour se loger. Elle répondit que oui, qu'ils avaient cherché avec soin, et que se
voyant rebutés de tout le monde, ils étaient demeurés aussi contents que si
chacun se fut efforcé à l'envie de les
accueillir, qu'ils s'étaient abandonnés à l'ordre et à la conduite de Dieu. La mère demanda s'ils avaient cherché
l'étable de Bethléem, elle
répondit qu'ils ne l’avaient, ni cherché, ni trouvé par hasard, mais que le
Saint Esprit les y avait conduits, de même que Saint Siméon fut conduit au
temple. La mère demanda si Saint Joseph
n'avait point parlé à la Sainte Vierge par le chemin et en entrant dans
l'étable. Elle répondit que non. Que Saint
Joseph en entrant en ce lieu fut élevé dans une haute contemplation sur les
mystères qui s'y devaient accomplir et qui s'y accomplissaient, et qu'il
demeura en cette contemplation durant les quarante jours qu'il fut dans l'étable. Que durant ce temps la très Sainte
Vierge fut servie par les anges et, qui lui apportèrent tout ce qui lui fut
nécessaire pour son Fils : ce qui ne doit pas nous paraître plus étrange que
ce qui est rapporté par Cedrenus, par George de Nicomedie, et par Pantaleon
dans Metaphraste, que la même Sainte Vierge a été
nourrie dans le Temple par les anges. Car comme dit George, écrivain très pur
et très éloquent ; nous ne devons pas contester sur la qualité des viandes
qui furent apportées à cette illustre
créature, ni disputer si elles étaient
de la terre, ou toutes célestes, lorsque nous voyons que le Verbe de Dieu s'est logé
dans son sein d'une manière qui ne peut être expliquée par nos paroles. Ni
nous ne devons pas douter que les anges ne l'ayant servie, lorsque nous apprenons que par le conseil du Père elle a
été comme mise à couvert sous l'ombre
du Saint Esprit. Rien de ce qui concerne cette chaste Vierge ne nous doit paraître suspect. Il
n'y a aucun privilège ni aucun avantage qui ne lui appartienne légitimement ;
tout en est certain et véritable : et de fait il était juste qu'une âme si
pure fût honorée d'un tel destin, et qu'elle fût servie de telles viandes.
Certes si nous ne trouvons pas incroyable ce qui est écrit de l'abbé Appollo, et de l'abbé Anuph,
qui vaquant jour et nuit à l'oraison étaient nourris d'une viande céleste par
les anges, il n'y a pas sujet de nous étonner si la Sainte Vierge au temps le
plus saint et le plus heureux de sa
vie a été servie par les serviteurs de son Fils. La
mère lui demanda comment Saint Joseph connut que le Saint Enfant Jésus était
né, et si Saint Joseph, où les anges avaient préparé l'étable ? Elle répondit que Saint-Joseph ne
fit rien en étable, et qu'elle ne fut
pas non plus préparée par les anges ;
qu'elle était comme elle devait être, et comme le Père Eternel l'avait
ordonné pour la naissance de son Fils, qui devait naître pauvrement ; que
Saint Joseph, entrant dans l'étable fut rempli du Saint Esprit, et que
s'étant mis en oraison en un lieu un peu écarté, Dieu lui fit concevoir un
désir de la venue du Messie plus ardent, plus pur et plus saint, que tous
ceux qui ont jamais été conçus par les saints Pères ; qu'il fut revêtu d'une
divine pureté qui le disposa à voir et à adorer le Fils de Dieu naissant ;
qu'il fut élevé à la plus haute contemplation où jamais aucune créature soit
parvenue, après la très Sainte Vierge, dans laquelle il fut occupé de la
naissance du Fils de Dieu d'une manière qui ne se peut expliquer en la terre
; qu'au moment que le Saint Enfant Jésus sortit de la très Sainte Mère, et se
donna au monde, il fit sortir de son âme des rayons d'une clarté et d'une
splendeur admirables , qui pénétrèrent l'esprit de la Sainte Vierge et de
Saint Joseph, et firent connaître à ce grand saint que l'Enfant était né ;
que cette divine lumière découvrit à Saint Joseph l'état de la Sainte Vierge
et de la pureté de son heureux et divin Enfantement ; qu'en ce moment il
s'approcha pour adorer le Verbe incarné, et qu'il baisa ses pieds sacrés, et ses divines mains ;
qu’il lui fit une pure, humble et amoureuse offrande de tout son être, et que
le reste des quarante jours il demeura ravi dans la hauteur des mystères et
des états de l'Enfant Jésus en la crèche ; qu'il vit les anges qui vinrent à
milliers adorer l'Enfant, et qu'il ouït la musique
et la joie du ciel pour cette naissance ; que pendant ces quarante jours il ne parla point , quoi qu'il vit
les saints pasteurs et les saints rois, et qu'il eut connaissance de leurs grâces : et nous
devons croire que ce profond silence
de la Sainte Vierge, et de Saint Joseph, et leur sainte recollection devant
le Fils de Dieu, ne contribuèrent pas
peu à l'admiration de ces grandes âmes, qui furent choisies pour contempler
et pour adorer ce secret mystère. Elle dit que ce fut Saint Joseph qui
circoncit le divin Enfant, et qui lui donna le nom de jésus, selon
l'instruction de l'ange ; et qu'enfin tout ce grand mystère s'accomplit en
silence, la Sainte Vierge et Saint Joseph étant occupés à la considération
des merveilles qui s'y passèrent. Elle ajouta que ce n'avait pas été
l'office de Saint Joseph de servir pendant ces quarante jours le Saint
Enfant, ni la Sainte Vierge, dans les petites choses nécessaires à la vie,
mais seulement de garder la Vierge, et adorer le Saint Enfant Jésus ; que la
Sainte Vierge qui était la mère de l'Enfant, fut commise de Dieu pour en
avoir tous les soins convenables ; que ce fut elle seule qui le servit, et
qui fit pour lui toutes les choses qui lui furent nécessaires ; que pour sa
personne elle n'eut besoin d'aucune chose ; que le Saint Enfant voulu honorer
sa mère d'un État céleste et angélique ; qu'elle ne mangea, ni ne dormit
durant ces quarante jours, mais qu'elle demeura dans une adoration
continuelle : que le lait qu'elle donna à son fils fut divinement produit en
son sein ; si bien que nous devons entendre à la lettre ces paroles des
saints Pères et de l'église. La vierge
allaitait son fils d'une mamelle que Dieu avait remplie ; que toutes les
fois que le Saint Enfant fut sur le sein de la Sainte Vierge pendant cette
quarantaine, il la nourrit et se donna à elle, comme le vrai pain qui est
descendu du ciel. Or encore que cette connaissance soit
singulière, et que nous ne la trouvions pas, que je sache, dans les saints
Pères, elle n'est toutefois ni en rien
contraire à la foi, ni sans exemples aussi extraordinaires : et la majesté,
la dignité, la sainteté de ses lumières éloignées de toute bassesse et très
avantageuses à la gloire du fils de Dieu, et de la Sainte Vierge, nous
obligent à leur porter grande
révérence. S’il y a eu des âmes y ont vécu plusieurs années sans autre
nourriture que du très Saint-Sacrement de l'Autel , et si notre sœur Marguerite
même a été quelquefois de ce nombre ; pourquoi le Fils de Dieu recevant la
vie de sa Sainte Mère ne la lui aura-t-il pas aussi bien conservée sans
aliment de la terre, qu'il l'a conservée de la même sorte à beaucoup d'autres
par sa pure libéralité ; et si le prophète Élie fit que la farine de la veuve
Sarephta qui lui avait donné un morceau de pain, et
que son huile ne se diminuèrent point durant plus de deux ans, quoi qu'elle
en nourrit sa maison et Elie même : et si Élysée multiplia l'huile d'une autre, jusqu'à remplir autant de
vases qu'elle en avait à elle, et
qu'elle en put emprunter de ces voisines : si le Fils de Dieu multiplia aussi
de telle sorte les pains au désert, qu'il en nourrit par deux fois plusieurs
milliers de personnes : nous ne devons pas nous étonner si pour la gloire de
sa Sainte Mère, il multiplia son sang et son lait, afin de la dispenser en un temps destiné au
silence, à l'oraison, et à la pauvreté, de la servitude du boire et du
manger, et du soin de les apprêter. Ce fut un miracle beaucoup moindre que
celui que nous lisons qui fit en la personne d'une sainte, qui mise en prison toute blessée d'un coup de
massue, et délaissée sans aucun secours, vit couler d'une de ses mamelles une
huile excellente dont elle guérit sa plaie, et de l'autre un lait virginal
dont elle se nourrit longtemps. Elle dit encore que comme la Sainte
Vierge ne parla point aux saints Pasteurs, ni aux saints Mages, qu'aussi ses
saints ne lui parlèrent point, que le
Saint Esprit nous a voulu exprimer le silence qui fut gardé en tous ses
mystères, par ces paroles de l'Évangile. Et
Marie conservait toutes ces choses en son cœur. Et par ces autres qui regardent le
mystère de la purification. Marie conservait en son cœur toutes ces
paroles. Elle dit que la Sainte Vierge et
Saint Joseph sortirent de l'étable en silence, et qu'ils portèrent le divin
Enfant au Temple sans parler ; qu'ils accomplirent tout ce que la loi commandait, et qu'ils ne
parlèrent ni à saint Siméon, ni à
Sainte Anne, ni à aucun autre ; que le Saint Esprit les gouvernait, et conduisait
toutes leurs actions ; que saint Siméon ne dit point d'autres paroles que
celles qui sont remarquées dans l'Évangile, et qu'ils revinrent en Nazareth,
gardant toujours le même silence : ce qui était digne de la grandeur et de la
majesté des mystères, de la sainteté, de l'humilité, et de la sublime oraison
de ces deux incomparables Epoux. Elle dit que les Pasteurs ne
virent aucune lumière en l'Enfant
Jésus ni en la Sainte Vierge, de quoi nous
ne devons pas nous étonner, puisque celle qui parut à la Sainte Vierge
et à Saint Joseph était une lumière surnaturelle qui s'épandit sur eux de
l'âme glorieuse du divin Enfant, et qu'ils ne virent que dans leur haute
contemplation, où leur esprit fut divinement élevé au-dessus de l'ordre de la
nature. Or plus ce privilège était conforme à la dignité et à la justice,
plus il surpassait la portée des
saints Pasteurs et des saints Mages, à qui ce fut assez davantage
d’être les seuls en la terre qui vissent le Verbe
dans l'infirmité de notre chair ; aussi furent-ils si assurés, dit la sœur,
par les paroles et par la musique des anges, et par la lumière qui les
environna, qu'il ne fut pas besoin qu'ils vissent rien d'extraordinaire en l'Enfant Jésus
pour affermir leur foi. Ils ne virent donc que comme un autre Enfant enveloppé de
ses langes, mais sous sa petitesse et sous sa pauvreté, ils connurent sa
grandeur divine sans autre témoignage
que celui-ci : vous trouverez l'Enfant
enveloppé de drapeaux. Ils l'adorèrent
en cet état et lui offrirent et
consacrèrent tout ce qu'ils étaient. Ils virent la Vierge comme la plus
belle, la plus pure et la plus parfaite de toutes les créatures, mais ils ne
virent ni lumière ni aucune autre chose extraordinaire en elle, seulement ils
la connurent pour véritable Mère de Dieu. Elle dit que la lumière que Saint
Joseph avait vue au moment de la naissance, n'avait pas été pour confirmer sa
foi, qui ne fut jamais chancelante depuis que l'ange lui révéla le mystère :
mais que le Fils de Dieu étant la source de la gloire, il se devait faire
voir en naissant tel qu'il était dans Sa Majesté ; que sa naissance
temporelle, où il nait comme lumière, et dans les Saintes splendeurs, et que
la Sainte Vierge étant si chaste, il fallait que son Fils sorti d'elle avec
cet éclat, qui d'ailleurs témoignait combien il était éloigné des souillures
des enfants des hommes. |
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