Un Sourire de La Vénérable Sœur Marguerite du Saint-Sacrement
Marguerite épouse de la crèche
Il
y a un An, le 16 Juin 2016,
UnSourire de La Vénérable Sœur
Marguerite du Saint-Sacrement
Il avait été décidé que, ce jour-là, nos
Sœurs Carmélites de l’Enfant-Jésus, Sœur Juliusza et Sœur Nulla iraient avec
Sœur Elisabeth, aux Archives Municipales de Beaune. Elles savaient que selon la décision des
anciennes Carmélites, les Registres les plus anciens (c’est-à-dire d’avant la Révolution)
des Archives du Carmel, avaient été mis là, en dépôt,
et confiés à la garde de Madame Sonia Dollinger et de son Equipe.
A
l’Heure X, le trio accompagné des 2 sœurs de la famille d’Elisabeth, qui avaient
tant aidé au déménagement en 2001, était accueilli très
chaleureusement par Sonia et Madame Yvette Darcy.
Nous fûmes introduites dans les
lieux un peu reculés et tout à fait appropriés pour la conservation des
documents anciens et précieux à beaucoup d’égards.
Arrivées dans cette partie des Archives, où
l’on accède par un escalier un peu rude, on se sent tout de suite immergé
dans l’atmosphère d’une cathédrale : silence, paix, lumière
tamisée, et majesté. Oui,
majesté, car la seule vue de ces vénérables registres nous
en impose. Vous pouvez les contempler l’un après l’autre. Ils
sont tous là, les 50 registres sur lesquels les siècles ont veillé, des
yeux se sont fatigués, des mains les ont complétés, des prières les ont
entourés. Car tous ou presque, concernent notre Vénérable
Sœur Marguerite avec les Religieuses qui l’ont accompagnée, la
Communauté dans laquelle elle a vécue… Ils relatent aussi
l’histoire du Culte au Petit Roi de Gloire et son rayonnement.
Ajoutez
à cela, l’ordre parfait avec lequel ces Livres sont rangés, ils
ont été étiquetés, dépoussiérés, presque emmaillotés,
déposés chacun dans sa boîte. Sous nos yeux
émerveillés, Sonia fait glisser sans peine les lourds
rayonnages et nous pouvons approcher de ces vénérables
manuscrits avec autant d’émotion que de respect.
Mais ce n’était là qu’un début… L’heure
de grâce arrivait sans qu’on s’en doute le moins du monde. A un détour de
conversation, Sonia nous montre une boîte contenant entre
autres, des reliques, boîte tirée, non du Fonds des
Archives carmélitaines, mais du précieux et imposant dépôt laissé
par nos Sœurs Hospitalières de Beaune, lors de leur fermeture.
Parmi ces reliques, l’une est assez
intrigante ! Sonia lève doucement le voile par
sa question: Ne serait-ce pas une relique de Sœur Marguerite ?
mélangée il est vrai à d’autres reliques. Tout le monde sait que
les Maisons religieuses abondent en ce genre de trésor !
Nous nous regardons étonnées. Sonia et Yvette
déposent délicatement la boîte sur une petite table et
l’inventaire commence dans le silence le plus
total.
D’une
petite bourse en tissu blanc, brodé de quelques fleurs de
« marguerites » la relique est retirée, on lui enlève son
papier de soie, légèrement jauni.
On
l’examine attentivement, il s’agit d’une vertèbre, à n’en pas douter…
Il est demandé s’il existe un
« Authentique » grâce auquel
l’identification pourra se faire sans erreur. De fait au fond de
la boîte, on trouve un petit papier jauni, plusieurs fois
replié, avec cette inscription au recto :
« Ossement de la Bienheureuse Marguerite, Parigot,
du Saint-Sacrement, dont les dépouilles mortelles ont été transférées le 25
Janvier 1820, du Chœur de l’Ancien Couvent des Dames carmélites de Beaune,
dans l’Avant-Chœur de leur nouvelle Maison, Rue Bretonnière »
Puis
au verso :
« Ossement de la Bienheureuse Marguerite,
Parigot, du Saint-Sacrement:
Le même genre d’inscription se retrouve sur
la bourse. Cette dernière est sans doute plus récente que
ce qu’elle contient.
Nous n’osons à peine toucher cette relique.
Pourtant, elle s’offre à notre vénération. Sr Juliusza me fait signe,
je la baise, Elle-même dépose son Crucifix de profession sur
elle, Nous avons chacune notre façon de nous recueillir et de
prier. Car nous vivons là un moment de grâce et de
joie très spirituelle. Notre cœur est rempli de reconnaissance envers
Celui qui conduit toutes choses avec sagesse et
amour et qui nous donne de toucher un instant cette Petite
Sœur aimée qui vient à notre rencontre.
Mon étonnement était grand, il ne me
semblait pas que nos sœurs archivistes qui se sont
succédées sur l’étude de Sœur Marguerite nous aient parlé
de cette relique offerte à nos Sœurs de l’Hôtel-Dieu. Sa tombe
était au milieu de nous, c’est là que nous allions la
retrouver.
De retour à Nevers, je consultai les
chroniques et de fait il est question d’une translation
des ossements de Marguerite le 25 Janvier 1820. Vous trouverez à la fin
de cet article le procès-verbal établi à cette occasion. Un récit fait
par les Sœurs carmélites vers les années 1834, relate aussi cet
évènement.
Malgré tout il n’est toujours pas question
d’un don d’une parcelle de ses ossements à qui que ce soit.
On
sait par contre que les Carmélites ou d’autres Religieuses, avaient
l’habitude de remercier leurs Bienfaiteurs ou d’honorer telle ou telle
personne par le don de quelques reliques et
qu’elles fabriquaient elles-mêmes de magnifiques reliquaires.
Ont-elles
voulu remercier leurs Sœurs de l’Hôtel-Dieu pour une œuvre ou
un service charitable ou pour conclure le pacte spirituel établi entre
elles et les Carmélites ?
Une
autre supposition : Peut-être l’ont-elles offert en guise de remerciement
à Monsieur Morelot, Chirurgien en chef des Hospices, ayant procédé à
l’examen des restes de Sœur Marguerite ? Le procès-verbal
joint en final à cette relation, pourrait-il nous
éclairer?
Nota
: Il est à préciser que quand l’inscription parle « du Chœur de
l’Ancien couvent des Dames Carmélites de Beaune », il
s’agit du Prieuré St Etienne (Place Ziem) où a vécu La Vénérable et où elle avait été
enterrée.
Quand
il est question de « l’Avant-Chœur de leur nouvelle Maison
Rue Bretonnière » il s’agit de leur monastère établi Rue du
Rempart
et qu’elles ont quitté en 1836 pour
la Rue de Chorey.
Sur la tombe on peut lire l’épitaphe en latin. Voici la
traduction :
« Le ciel a fait naître, en cette
ville de Beaune, la B. Sœur Marguerite du Saint-Sacrement afin qu’elle fût
la bénédiction de la terre, le prodige de son siècle et l’étonnement de la
postérité. Dès son berceau Jésus-Christ l’a choisie pour la très pure épouse
de sa divine Enfance, et l’imitatrice incomparable de ses rigoureuses et
amoureuses souffrances. En l’âge de dix ans, Notre-Dame du Mont-Carmel l’a
adoptée pour sa fille et pour sa sœur, lui donnant le zèle de saint Elie, le
courage et l’amour de sainte Thérèse. Le Saint-Esprit versant en cette âme
bénite la plénitude de ses grâces a fait de sa vie une victime innocente, une
hostie de pénitence, un sacrifice de pauvreté et de simplicité, un holocauste
d’humilité et d’obéissance, une parfaite consommation en toute sorte de
sainteté. La science savoureuse des saints dans les plus hauts degrés de la
contemplation, le don de la prophétie en toutes ses manières les plus
pénétrantes, la victoire sur les Démons, et l’opération des miracles, qui
semblent avoir commencé avec sa vie, continuent encore après sa mort, par
les grâces très particulières que reçoivent tous ceux qui ont recours aux
puissantes intercessions de cette vierge martyr.
Epanche sur son tombeau des lys et des
roses, et obtient de Dieu par ses prières la grâce d’imiter les rares vertus
de cette merveilleuse épouse de Jésus Enfant dans la crèche, crucifié sur le
calvaire.
Elle acheva de mourir le 26 de mai
1648 âgée de 28 ans. »
C’est grâce à la générosité
très fraternelle de nos Sœurs Hospitalières et tout
particulièrement Sœur Louise Duchini et Soeur Madeleine
Chamart que nos Sœurs de L’Enfant-Jésus, par l’entremise de Père Frot, ont
pu recevoir comme un immense cadeau cette relique, nouvelle
pierre de fondation de leur Communauté de Beaune et du Sanctuaire
de l’Enfant-Jésus.
Un merci aussi tout spécial à Sonia et
Yvette qui mettent tout leur art et leur cœur à veiller jour et nuit
sur tout ce qui peut entretenir et faire vivre la mémoire de nos origines
beaunoises et spirituelles.
Le Christ, hier et aujourd’hui est le même pour
l’Eternité., nous rappelle St Paul.
Voir : Procès-Verbal de la Translation
Procès-Verbal de La Translation
(Registre 9G p 36 – 37)
Nous, Soussignés, certifions et
attestons que sur la demande des Dames Carmélites de Beaune et d’après
l’autorisation des Autorités civiles et permissions des
Supérieurs ecclésiastiques, il a été procédé le 20 janvier et les jours
suivants de l’année 1820 à la translation dans la nouvelle maison de
Communauté des Dites Dames Carmélites, rue Bretonnière à Beaune, des tombes
et des dépouilles mortelles de la Bienheureuse Marguerite Parigot du
Saint-Sacrement, de Marie Mignard de la Trinité et d’Elisabeth de
Quatre Barbes de la Sainte Trinité, lesquelles tombes et dépouilles étaient
restées dans le Chœur et chapelle adjacente de leur ancienne maison de
Communauté à Beaune d’où elles ont été transférées dans l’Avant-Chœur de leur
nouvelle maison de la manière suivante : Après avoir fait
reconnaître et constater l’état des ossements par le
chirurgien en chef, médecin du grand Hôtel-Dieu de Beaune qui en a
dressé procès-verbal, nous avons déposé séparément dans trois caisses de bois
de chêne, solides et bien fermées, les ossements de chacune des trois Dames
Carmélites ci-dessus mentionnées et avons fait placer les dites caisses
et les tombes correspondantes à chacune, à savoir :
1° La caisse contenant les ossements
de la Bienheureuse Marguerite Parigot du Saint-Sacrement et la plaque
en cuivre trouvée dans son tombeau portant l’attestation authentique de ce
précieux dépôt, dans le caveau creusé dans l’épaisseur du mur de
l’avant-chœur, en face de la grande porte Vitrée et avons fait dresser et
sceller sa tombe en la dite place.
2° La caisse contenant les ossements
de Marie Mignard de la Trinité dans le caveau creusé sur la voûte, près la
porte du côté de la sacristie et avons fait dresser et sceller sa tombe
en la dite place.
3° La caisse contenant les ossements
d’Elisabeth de Quatre Barbes de la Ste Trinité, dans le caveau creusé sur la
dite voûte, près l’autre porte du Chœur et avons fait dresser et sceller sa
tombe en la dite place.
De quoi nous avons rédigé le présent acte authentique
pour constater la translation et le dépôt en ces lieux de ces restes
précieux, objet de la vénération des fidèles et particulièrement des Dames
carmélites de Beaune et l’avons signé pour être déposé et conservé en
original dans les archives de la dite Communauté. Fait à Beaune ce huit
février de l’année mil huit cent vingt.
MORELOT D.M, FORIEN, prêtre, ancien chanoine
de Beaune, professeur de Philosophie, directeur des Dames Carmélites et du
grand Hôtel Dieu, BRUNET DE LA SERVE, Le Voyer
de la Ville de Beaune, architecte de la maison des Dames carmélites,
TREBOUIL, Sœur Thérèse de la Miséricorde, Sous-Prieure, Sœur Marie de Jésus,
Dépositaire.
Nous, maire de Beaune légalisons la
signature de Monsieur Forien, Prêtre, ancien Chanoine, Brunet de la Serve,
Morelot, Docteur en médecine, Trebouil, voyer de la Ville, Sœur Trapet, dite
Sr Thérèse de la Miséricorde, sous-prieure, Sœur Terrand, dite Sœur
Marie de Jésus, dépositaire, attestons en outre que la vérité du présent
procès-verbal ne peut être révoqué en doute et que nous nous estimons
heureux d’avoir pu contribuer en quelque chose à faire rendre aux Vénérables
Dames carmélites, les restes précieux d’une Sainte pour laquelle nous
professons une vénération particulière.
Fait à l’Hôtel de Ville ce neuf février mil huit cent vingt.