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Rencontre 2 2018

Rencontres

Préparation spirituelle de la Famille du Saint Enfant-Jésus au jubilé

du 4ème centenaire de la naissance de la Vénérable Marguerite du Saint-Sacrement

Rencontre 2/2018

 

A la découverte de la vie et du message de Marguerite

dans la lumière des vertus de l’enfance

 

- La Simplicité -

De la deuxième lettre de St Paul aux Colossiens : « Ce qui fait notre fierté, c’est le témoignage de notre conscience ; nous avons vécu en ce monde, et particulièrement avec vous, dans la simplicité et la sincérité qui viennent de Dieu, non pas selon une sagesse purement humaine, mais selon la grâce de Dieu. » ( 2 Co1,12 )

 

Les premiers chrétiens ont très bien compris que la simplicité caractérise la véritable grandeur et devient signe d’une belle noblesse de l’esprit. Le Pape François confirme : « La vie chrétienne est simple, les choses étranges ou difficiles ne sont pas nécessaires, il suffit de mettre Jésus au centre de nos choix quotidiens ». (9 janvier 2017)

 

Dans un monde soumis au règne de la complexité, rien ne paraît plus difficile que la simplicité. On prendrait presque la simplicité pour de la naïveté, quand ce n’est pas de la bêtise. De fait, la simplicité n’est pas au programme des vertus cardinales ou théologales. Il est vrai que toute seule, la simplicité semble bien légère. Si la simplicité s’oppose à la pensée calculatrice, à la duplicité et à la prétention, elle ne peut devenir une vertu intellectuelle, morale et spirituelle que dans la mesure où elle s’allie à d’autres forces de l’esprit qu’elle oriente alors vers l’Essentiel. Alliée à l’intelligence, la simplicité devient un art de dégager d’une réalité problématique des idées claires et compréhensibles par tous. Alliée à la justice, elle dénoue des situations conflictuelles dans lesquelles un esprit trop raide se laisse facilement embourber. Alliée à l’amour, elle tranche à l’ambivalence et à la confusion des sentiments. La simplicité s’apparente à cette qualité du regard et de l’écoute, cette présence au monde suffisamment détachée de soi pour opérer l’air de rien de véritables petites révolutions dans le domaine de la pensée ou dans la vie quotidienne.  La simplicité comme vertu se développe dans une âme qui s’ouvre et qui ne se cramponne pas à ses blessures, à ses possessions, à sa réputation, parce qu’elle ne se sent plus obligée de tout résoudre ou supporter par elle-même mais qu’elle consent à s’en remettre au Seigneur.

 

« La vertu de simplicité est la plus facile à remarquer en ceux qui la possèdent, et la plus difficile de toutes à définir, et son nom conduit l’esprit à concevoir une habitude qui exclut la multiplicité. La simplicité bien considérée n’est pas une seule vertu, mais un recueil et un composé de plusieurs vertus. De là vient que, parmi les Hébreux, le nom de simple est formé de la racine ‘smh’ qui signifie « consommer », comme si l’âme véritablement simple avait atteint la perfection. C’est aussi pour cela que l’Esprit de Dieu, qui a conduit l’interprète de la version latine de l’Ecriture, lui a fait expliquer ce mot de sh, qui veut dire « simple », tantôt par le terme d’« innocent », tantôt par celui de « parfait », tantôt par celui de « pur » et « sans tâche », tantôt par celui de « véritable ».

Et les Pères de l’Église l’entendent, les uns de la « douceur » comme Saint Grégoire, les autres de la « sincérité » comme Saint Chrysostome, les autres de « l’éloignement de toute fraude et de toute tromperie » comme Saint Thomas, les autres de « l’exemption de tout mal » comme Saint Grégoire de Nysse. Si le sentiment de tous est véritable, il est manifeste que la vertu de simplicité ne peut facilement se concevoir sous une notion seule et particulière. Et que lorsqu’elle se rencontre en une âme, elle la rend accomplie en toutes sortes de perfections.

Nous la comprenons comme une sincérité de l’Esprit de Jésus-Christ qui, anéantissant la sagesse humaine, ne souffre aucune duplicité, ni d’amour, ni d’intention, ni de paroles ; mais qui fait agir l’âme dans la seule droiture du Fils de Dieu, qui est accompagnée de douceur et de facilité à vouloir toute sorte de bien ; qui ne soupçonne rien de mauvais, qui n’est ni défiante, ni subtile, mais franche, ouverte, incapable de toute tromperie et de toute vaine réflexion sur soi-même. (Père Amelotte « La vie de Sœur Marguerite du S. Sacrement, religieuse carmélite de Beaune », Paris 1679. PA)

 

Comment, ne pas penser ici à la Vénérable Marguerite dont les nombreuses sources témoignent qu’elle gardait cette attitude de la simplicité non pas seulement dans son enfance mais tout au long de sa vie.

 « Notre Sœur fut établie dès l’enfance dans cette grâce, et Dieu unit en elle une rare sagesse avec un haut degré de vertu dont nous parlons. En sorte qu’autant qu’elle gagnait le cœur de tous ceux de sa famille par son obéissance facile à tout ce qui lui était ordonné, autant donnait-elle d’admiration par son jugement, par sa prudence et par sa modestie. Douée d’un naturel excellent, d’une humeur douce et docile, spontanément obéissante et toujours gracieuse, elle est bien vite « la petite merveille » de toute la famille. Et voilà qu’à ces dons naturels déjà remarquables, s’ajoutent les marques d’une emprise divine dont l’évidence s’impose. Dès l’âge de 5 ans elle possède l’usage de la raison ; toute investie du Saint Esprit, elle manifeste une piété extraordinaire et envahissante. Attirée comme par un aimant par le Saint Sacrement, elle tombe en sa présence dans une contemplation qui lui fait perdre la notion du temps. Dès cette petite enfance elle fait à Dieu l’offrande d’elle-même et entretient en secret la ferme intention de se « rendre » carmélite, fille de la Sainte Vierge. (La vie de la Vénérable, Les carmélites de Beaune, 1986. CB)

 

Elle était si éloignée des jeux et des folies des enfants que ceux qui la voyaient s’arrêtaient pour la considérer et se trouvaient surpris de rencontrer en cet âge un si grand recueillement avec une si agréable douceur. Beaucoup de personnes en ont rendu ce témoignage avant et après sa mort. Cette maturité extraordinaire lui venait de l’esprit de grâce qui dès lors possédait son âme d’une façon très singulière. Elle était si peu touchée de la vanité et des amusements de l’enfance que sa plus grande joie était de se trouver parmi les pauvres, de leur être semblable, de les servir, de panser et de baiser leurs plaies et de leur donner tout ce qu’elle pouvait.

« Précoce est sa charité envers les pauvres et le sens qu’elle a de la pauvreté ; elle savait à peine marcher que rencontrant deux petits pauvres dans la rue, elle les prend par la main et les amène à la maison. Son bon père dit à sa mère : « Il faut recevoir ces deux petits pauvres que cette enfant nous amène comme étant envoyés de la part de Dieu et prendre soin d’eux toute leur vie «. Ce qu’il fera, en les nommant « les pauvres de sa petite Marguerite » ( PA )

 

Ce ne fut pas un geste isolé. Les pauvres étaient nombreux à l’époque et Marguerite. Elle ne peut en voir un sans se précipiter vers lui, l’embrasser, le caresser, lui témoigner toute sorte d’amitiés, sans tenir compte de son aspect souvent répugnant. Son plus grand bonheur est d’accompagner « Mademoiselle sa Mère » dans les visites aux malades de l’Hôtel-Dieu où elles partagent tous les travaux des religieuses. » (CB)

 

Son amour pour les pauvres est impératif, nous en parlerons dans l’avenir. Voyons juste un dernier témoignage qui confirme si bien à quel point le Seigneur a partagé sa propre Simplicité avec Marguerite : une fois, le Saint Enfant Jésus lui apparut sous la forme d’un petit pauvre admirablement beau, qui enflamma de telle sorte sa charité que, ne sachant quelle démonstration lui donner de sa joie et de son amour, elle Lui présenta son déjeuner qui n’est pas une aumône médiocre pour un Enfant. Mais en revanche, elle reçut de Lui un petit chapelet qu’elle chérit comme un trésor (…)

 

« Ce Divin Enfant lui a fait connaître qu’Il lui faisait part de sa Simplicité, qu’Il la lui augmentait, qu’Il prenait son plaisir à La voir en elle, et qu’Il ferait Miséricorde à beaucoup d’âmes en considération de cette vertu. Mais plus le don est grand et divin, plus il est impossible d’en expliquer la dignité et la perfection : il vaut mieux le comprendre par les effets qu’il produit.

Voici une autre preuve d’une extrême simplicité de Marguerite envers le Seigneur et pour le bien des autres : « il y avait à Beaune une femme hérétique très obstinée dans ses erreurs, de la conversion de laquelle on avait perdu toute espérance. Une religieuse en parla à Sœur Marguerite et aussitôt, cette âme innocente alla se jeter devant une image du Divin Enfant, et avec un amour aussi admirable dans son zèle que dans sa simplicité : « Mon Seigneur, dit-elle, mon Père et mon Époux, convertissez, s’il vous plaît, cette pauvre créature. Si votre Bonté lui fait cette grâce, ô que je Vous honorerai avec grand soin ! Je Vous ferai tous les présents qu’il me sera possible en l’honneur de votre Sainte Enfance, j’ornerai votre Chapelle et votre Image de tout mon pouvoir. »

 

Le Fils de Dieu, Auteur de toute Sainte Innocence, prenant plaisir à cette simplicité animée d’un très pur amour, écouta ses prières et lui fit connaître que cette femme se convertirait. La Sœur porta cette parole à celle qui l’en avait entretenue. En deux jours, cette âme fut rendue à Jésus-Christ. Ce qui arriva selon sa promesse.

 

Encore un autre exemple : un jour, Dieu lui fit connaître qu’une sœur d’un Ordre qu’elle chérissait particulièrement, avait commis un crime fort noir, et que le Fils de Dieu était en colère contre elle.

Aussitôt, elle se prit à pleurer fort amèrement et dit à son Saint Époux : « Ô mon Seigneur, ne pardonnerez-Vous point à cette pauvre âme pour l’amour de vos Epouses et du Monastère où elle demeure ? » Et toute transportée de zèle et de charité, elle fit un petit feu de joie, disant au Divin Enfant : « Ô mon Seigneur, en l’honneur de votre Sainte Enfance, de votre Divine Pureté et Simplicité, réjouissez-Vous en ce petit feu que je Vous offre et faites Miséricorde à cette âme ».

Elle passa trois jours à brûler des bougies et des parfums devant les Images du Saint Enfant Jésus, Le suppliant de les accepter en l’honneur de sa Divine Simplicité et de remettre l’offense que cette pauvre créature avait commise. Le Fils de Dieu se fit connaître à elle intérieurement et lui dit :        « Ta simplicité a percé mon Cœur, prie pour cette âme, Je l’aiderai et lui pardonnerai son péché ».

Quelque temps après, on sut la vérité de la faute et de la conversion, et que la religieuse était morte pénitente. La petite Sœur pria longtemps pour elle comme étant en purgatoire.

 

Voici d’autres preuves de la protection que l’Enfant Jésus donnait à la simplicité de Marguerite : les sœurs travaillant à défricher quelques endroits du jardin et à sarcler les carreaux, la Petite qui prenait toutes les choses dans une entière simplicité, se joignit à elles, ne pouvant souffrir qu’il y eut aucune œuvre pénible dont elle ne fût participante. Elle se mit à arracher de mauvaises herbes à l’endroit qu’elle vit le plus épais, qui était plein d’orties et de ronces. Et parce qu’elle ne connaissait pas plus ce qui pouvait lui nuire que les plus petits enfants, elle se blessa et se déchira toutes les mains, prenant indifféremment ces orties et ces ronces parmi les autres herbes. Comme elle était toute sanglante, le Saint Enfant Jésus la guérit et lui fit entendre intérieurement que ce qu’elle ferait par la simplicité qu’Il avait mise en elle, ne lui ferait plus de mal. Cette promesse a été si admirablement accomplie que l’on a vu en elle des effets de ces paroles : « Si tu passes par le feu, la flamme ne te nuira point et tu n’en retiendras pas seulement la senteur ». (PA)

Jésus Christ a choisi la Vénérable Marguerite pour exprimer en elle la Simplicité de son propre Enfance : « Désormais par la Sainte Communion, Je te donnerai part à mon Innocence et à ma Simplicité, en la manière que Je les avais en ma Naissance ».

 

Parfois on peut éprouver la défiance naturelle contre ces grâces extraordinaires, surtout contre les merveilles de la simplicité et de l’innocence, qui sont si rares en nos jours. « L’orgueil de l’esprit humain qui fuit toujours les choses petites et humbles n’aurait pas permis que beaucoup de personnes s’abaissassent aux pieds de Dieu Enfant et se proposassent de Le servir et de L’imiter dans sa Simplicité, si la grâce n’avait agi puissamment sur elles et fait de fortes impressions sur leurs esprits. » (PA )

 

La simplicité évangélique est une vertu du regard : « Si ton œil est simple, ton corps tout entier est dans la lumière », lisons-nous en Mt 6,22 et Lc 11,34. Pour St Paul, elle est une vertu de la main : « Que celui qui donne le fasse avec simplicité » (Rm12,8). Ainsi la simplicité selon Dieu prend corps de notre corps, regard limpide et mains ouvertes. Telle est la leçon des saints : « “Ma petite fille, dit à Thérèse de l’Enfant Jésus une vieille carmélite, il me semble que vous ne devez pas avoir grand-chose à dire à vos supérieures” – “Pourquoi, ma mère, dites-vous cela ?” – “Parce que votre âme est extrêmement simple, mais quand vous serez parfaite, vous serez encore plus simple, plus on s’approche du Bon Dieu, plus on se simplifie.”( Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, Manuscrits... ) » Dieu est simple, et nous ne le devenons qu’à son contact.

 

Que si la plupart des hommes du monde ne comprennent pas ces secrets du Ciel, nous ne devons pas pour cela les cacher aux esprits épurés. Il importe que les fidèles apprennent par de si grandes preuves qu’en tout temps, Jésus-Christ a la même charité pour nous, que ses grandes familiarités avec son Eglise n’ont pas été toutes enfermées dans les siècles précédents, que les âmes religieuses d’aujourd’hui ne cèdent pas en vertu aux plus illustres de l’antiquité, que si l’Italie a eu ses Catherines, l’Espagne ses Thérèses, la France a aussi ses Marguerites.

Ces astres ont répandu en leur temps leurs influences particulières sur la terre, celui-ci produira en nos jours un amour singulier pour les Mystères de Jésus Enfant, pour sa Simplicité et pour son Innocence.

 

Le Pape François nous encourage souvent à cultiver la vertu de la simplicité : « L'Enfant Jésus nous parle de la simplicité de Dieu (25 janvier 2016). L’Enfant Jésus à Nazareth était joyeux, il a certainement joué et ri avec Marie et Joseph, avec les enfants de son âge et avec ses voisins. Pour retrouver le goût de la vie commune il faut toujours chercher la simplicité, l’affection, les petites attentions, le service, l’émerveillement (2 octobre 2017). « Aujourd’hui, l’évangélisation semble appelée à devoir à nouveau parcourir précisément la voie de la simplicité. Simplicité de vie, qui évite toute forme de duplicité et de mondanité, à laquelle suffit la communion authentique avec le Seigneur et avec les frères ; simplicité de langage : non pas des prédicateurs de doctrines complexes, mais des annonciateurs du Christ, mort et ressuscité pour nous (25 janvier 2016).

 

 

Prière à l’Enfant Jésus du Père Amelotte :

 

« Divin Epoux d’une si Sainte Epouse ! Permettez-nous de Vous supplier qu’il Vous plaise de susciter plusieurs âmes semblables à celle-ci, afin que votre infinie Miséricorde soit exaltée en elles,  et que la sagesse de la chair soit confuse dans leur simplicité et dans leur innocence. Faites, Seigneur, que ce Feu Divin que Vous êtes venu répandre sur la terre   soit allumé dans nos cœurs et que les charbons de l’autel que Vous vous êtes consacré dans l’âme de votre Divine Epouse soient répandus en nos jours sur toute la face de l’Eglise ».

 

L’Enfant Jésus veut être cherché tout seul en simplicité d’esprit et cette Divine Simplicité  bannit de nos âmes les folies et les bassesses de ce monde (…)    Rien que Jésus cherché et servi simplement en vérité ».

 

« Disposez-vous à recevoir la simplicité qu’Il fait naître en ceux qu’Il regarde. »

 

Vénérable Marguerite du Saint-Sacrement.

                                                                                                                                                                                            

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